Vendredi 13 mars, nous apprenions dans la précipitation que dès lundi 16 mars, toutes les écoles, collèges, lycées, universités seront fermés. On nous a demandé de venir quand même à l’école lundi et mardi, pour préparer la « continuité pédagogique » et pour avoir d’autres instructions pour les jours qui suivront. Évidemment, j’étais d’accord, même si le concept de « continuité pédagogique » est une bêtise dont j’y reviens dans cet article.
Puis, dans le we, c’est l’escalade de la panique. Toutes les 12h, une information contradictoire : de l’IEN, du recteur d’académie, du ministre, etc… Personne ne sait rien en fait. Le temps d’un we, venir à l’école pour la « continuité pédagogique » s’est transformé en venir à l’école pour garder les enfants des soignants qui sont réquisitionnés. Il a fallu contacter en urgence les parents concernés pour tenir une liste d’enfants qui seront gardés. Ma première réaction a été d’accepter, faut bien s’occuper de ces enfants !
Puis j’ai pris du recul tant bien que mal et ma réflexion a évolué :
- Ce n’est pas à l’école de garder les enfants les plus susceptibles d’être contaminés, mais à l’hôpital ou aux centres de soin.
- On ne nous fourni ni masque, ni gel, ni prime de risque ou de dédommagement.
- L’État utilise la pression sociale et médiatique pour nous faire accepter n’importe quoi à chaud, car c’est bien connu, les profs se mettent toujours en quatre pour leurs élèves, sans (trop) râler, sans moyen et sans reconnaissance.
- Nous n’avons aucun temps de réflexion, à part quelques heures.
- Si nous tombons malade, nous n’aurons aucun recours, cela sera de notre responsabilité.
J’ai donc décidé, tant pis pour la solidarité des collègues volontaires, de rester chez moi, et ne viendrai pas garder ces enfants. J’ai fait le choix personnel de ne pas avoir d’enfants, pour justement ce genre d’évènement, c’est très égoïste de ma part et en énervera sûrement plus d’un soignant, mais un moment, il faut assumer faire des enfants. Je m’occupe des enfants des autres toute l’année, sous payé, à 50h par semaine, j’estime en faire bien suffisamment. Ce n’est pas mon travail de travailler en milieu contaminé, bénévolement, sans moyens techniques de protection.
Je vais donc rester chez moi jusqu’à que l’école ré-ouvre de manière officielle.
Comme tu as raison !